Séminaire inter-laboratoires CECILLE-STL "TRAIL : TRAnslation In Lille"
SéminaireSéminaire TRAIL | TRAnslation In Lille
La prochaine séance du séminaire TRAIL (TRanslation In Lille), séminaire inter-laboratoire STL-CECILLE sur les questions de traduction et de traductologie, aura lieu ce vendredi 9 juin 2023 de 12h30 à 14h. Pour rappel, l'année 2022-2023 est consacrée à des présentations des membres des deux laboratoires.
La séance pourra être suivie en présentiel (salle B1.661 ) ou en ligne.
Interviendront successivement :
Annie Risler (STL) : « Effets de la traduction sur la terminologie linguistique en LSF » La Langue des signes a débord été décrite par des chercheurs entendants, et en français. Le développement de la formation universitaire des professeurs de LSF a amené à établir des équivalents de traduction de cette terminologie en français, à partir d’un travail conjoint entre linguistes et enseignants de LSF. L’enseignement se faisait d’abord par le biais d’un interprète, qui traduisait le discours français de l’enseignant vers la LSF. L’enseignement de linguistique LSF a progressivement été délivré directement en LSF à l’université Paris 8, mais par des linguistes qui développent leurs recherches en français et dont la LSF est une langue seconde. Dans les années 2000 de nouveaux signes ont émergé lors de ces cours dans le discours des apprenants qui ont été jugés ‘plus appropriés’ et ont remplacé les signes initiaux. Ce changement radical terminologique en LSF s’est rapidement diffusé en dehors de l’université Le remplacement pur et simple des termes en LSF pose question. Je propose de revenir sur ce phénomène, qui illustre les illusions de l’équivalence terminologique entre le français et la LSF.
Thibaut LOÏEZ (CECILLE) : « Traduire l’autisme non-verbal : le cas de The Reason I Jump (2013), de Naoki Higashida, David Mitchell et Keiko Yoshida » La traduction d’auteur en situation de handicap peut parfois être à l’origine de nombreuses controverses sur la (ou l’im)possibilité même d’une communication lorsque cet auteur se trouve être atteint d’une forme d’autisme non-verbal. Cette recherche sera consacrée aux considérations éthiques autour de The Reason I Jump, écrit japonais de Naoki Higashida, adolescent autiste et traduit en 2013 en anglais par David Mitchell et Keiko Yoshida. Les débats autour de l’œuvre et de sa traduction concernent l’origine de l’écrit: beaucoup de critiques l’accusent d’être le résultat d’un cas de “communication facilitée”, méthode frauduleuse où un intermédiaire “aide” une personne autiste à écrire, et où a donc déjà lieu une première “traduction” orientée de la part du facilitateur. En second lieu, le contenu-même de l’ouvrage est remis en question: l’auteur non-verbal de The Reason I Jump fait preuve d’une vie émotionnelle riche et révèle une empathie insoupçonnée, à rebours des idées préconçues sur l’autisme. Cet élément à l’encontre de la doxa a été source de suspicions quant à l’authenticité des écrits de Naoki. Notre étude observe les deux versants du débat, notamment les réponses offertes par son traducteur anglais David Mitchell ainsi que le point de vue d’autres spécialistes de l’autisme ou de personnes autistes sur ce livre. S’y ajouteront des considérations sur la potentielle censure infligée aux publics dits “vulnérables”: en arguant que les individus neurodivergents ne peuvent être capable d’exprimer ce type d’émotions, sommes-nous en train de leur retirer toute forme de vecteur de communication (déjà fort limitée)? Cette étude sera l’occasion de revenir sur l’éthique du traducteur, son invisibilité et impartialité parfois impossible à tenir, et sur l’objectif de toute entreprise de traduction. Pourquoi traduire, si ce n’est pour permettre la communication entre les esprits, ici entre publics neurotypiques et publics neurodivergents ?
Le calendrier du séminaire, complété au fur et à mesure, et les résumés des communications sont disponibles ici : https://stl.univ-lille.fr/recherche/seminaires/seminaire-trail.
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