Festival 2019 "D'un Pays à l'Autre" : Dominations. Langues, Traduction et Société

Conférence
Lille & Saint-Jans-Cappel

"Les centres colonialistes avaient projeté leurs langues comme des filets. La langue, en ces temps d’expansion, ne servait pas à questionner le monde. Elle devenait un tamis d’ordre par lequel le monde, clarifié, ordonné, devait se soumettre aux déchiffrements univoques d’une identité." Patrick Chamoiseau, Écrire en pays dominé (Gallimard, 1997) C’est à partir de ces mots de Chamoiseau, et toujours de L’ Imaginaire des langues d’Édouard Glissant, que la programmation de cette édition a été imaginée. Pour essayer de comprendre ce que devient une langue lorsque celle des colonisateurs fait irruption dans un lieu, une culture. La langue est-elle liée à une identité immuable, serait-elle une entité à jamais figée ? Plusieurs rendez-vous sont ainsi consacrés à la créolité, à la marginalisation des langues et littératures dites mineures et à la glottophobie qui montre à quel point le mépris de l’autre passe aussi par le mépris de la langue de l’autre. En se plongeant dans la complexité des langues et de leurs traductions, certaines des rencontres proposées tenteront de rendre aux mots leur précision, de montrer leur résistance, leur imprévisibilité, leur mobilité. Pour Virginia Woolf, « Les mots détestent tout ce qui leur impose une seule signification ou les contraint à une seule attitude, parce qu’ il est dans leur nature de changer ». La traduction et les langues se font le miroir des inégalités sociétales, mais aussi le remède à la standardisation. Bon festival à tou·te·s !                                                                                               Anna Rizzello
pour les éditions La Contre Allée.

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